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Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/42

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LA BELLE ALSACIENNE


en jour la prodigieuse inclination qui me portait à la volupté. Mais il est bien difficile de conserver longtemps une réputation brillante sans être exposé aux traits de l’envie ; la nôtre ne fut pas à l’abri de la critique.

On nous fit un crime des choses les plus innocentes. La fortune, qui nous avait ri dans les commencements, nous abandonnait insensiblement. Le nombre de mes courtisans diminuait à vue d’œil, il fallut se rabattre sur des conquêtes moins brillantes : cela acheva de mettre mes charmes en discrédit ; nous fîmes la triste expérience de la vérité de ce proverbe trivial qui dit que « le bon marché n’emplit pas la bourse ». En faisant la récapitulation de nos petits intérêts, nous eûmes la douleur de voir nos affaires dans une extrême décadence.

Nous avions peu ménagé les faveurs de la fortune dont nous nous étions imprudemment flattées de fixer l’inconstance ; enorgueillies par la prospérité, notre aveuglement nous conduisit jusqu’au naufrage,