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Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/84

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LA BELLE ALSACIENNE


contraignit de se retirer ; elle ne se rendit pas, elle présenta des placets à tous les magistrats, accusa D. M… de rapt et fit tant de vacarme que, quoiqu’il eût facilement pu lui imposer silence, en prouvant avec évidence qu’elle avait vendu plus d’une fois ce qu’il était accusé d’avoir ravi, il fut contraint, par ménagement pour son état et pour faire cesser un éclat indécent, de me remettre entre ses mains.

J’eus beau gémir, il me fallut suivre ma destinée et consentir malgré moi à me rendre la victime de l’ambition et de l’avarice de ma mère. On peut croire que je ne me faisais pas une image charmante de de R…, mais j’avoue que mon imagination avait été bien au-dessous de la réalité ; je le haïssais sans le connaître, j’en eus horreur après l’avoir vu. Quelle abominable figure ! des yeux sombres et farouches, le regard égaré, le teint pâle et livide, une vraie physionomie de réprouvé : on passe la laideur, mais il n’est pas permis de porter de ces visages-là. Ah ! le vilain homme.

5.