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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/107

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un âge plus avancé. Elle alla donc retrouver son petit Signor, à qui elle reprocha son peu de vertu, lui protestant qu’elle ne s’amuserait jamais à lui ni à aucun enfant de la sorte, et le quitta ainsi en lui appliquant ces paroles du proverbe : Chi s’impaccia con fanciulli, con fanciulli si ritrova. Réfléchis un peu jusques où va la superstition, et à quelle extrémité de folie l’ignorance nous conduit quelquefois !

Agnès. — Il est vrai que cet exemple en est une preuve sensible, et que la simplicité de cette religieuse est sans égale. Les italiennes ne passent pas néanmoins pour sottes ; on dit qu’elles ont infiniment de l’esprit, et que peu de choses sont capables de les arrêter et d’échapper à leur pénétration.

Angélique. — Cela est vrai communément parlant ; mais il s’en trouve toujours quelques-unes qui ne sont pas si éclairées que les autres. Outre que ce n’est pas toujours une marque de stupidité que d’avoir des scrupules et des doutes. Car il faut que tu saches, ma chère Agnès, que hors les choses de la religion il n’y a rien de certain ni d’assuré dans ce monde ; il n’y a point de parti qui puisse se soutenir, et que nous n’avons pour l’ordinaire que des idées fausses et confuses des choses que nous croyons savoir plus parfaitement. La vérité est encore inconnue, et tous les soins et les artifices des hommes qui s’appliquent sérieusement à sa recherche n’ont pu encore nous la