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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/115

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je ne puis m’empêcher de rire quand je te vois prêcher la réforme avec tant de feu et que je t’entends parler à des sourds et à des aveugles, tels que sont nos sens qui ne veulent recevoir de règles que celles qu’ils se proposent eux-mêmes.

Angélique. — Il est vrai, et j’avoue que c’est mal employer le temps, c’est-à-dire inutilement, que de travailler à réprimer le vice et à élever la vertu, dans la corruption du siècle où nous sommes. La maladie est trop grande et la contagion trop universelle pour y apporter du remède par de simples paroles, et pour qu’elle puisse être guérie par un appareil qui ne peut agir que sur l’esprit. Ce n’est aucunement là mon dessein, mais j’ai seulement été bien aise de te faire connaître que je n’approuve point le libertinage de ceux qui ne goûtent jamais de parfaits plaisirs s’ils ne les vont chercher dans les leçons d’une imagination corrompue, au delà des bornes les plus inviolables de la nature, et jusque dans la licence la plus dissolue des fables passées.

Je ne suis point ennemie des délices, ni attachée à cette vertu incommode dont notre siècle n’est pas capable, et je sais que l’âme la plus noble ne peut être maîtresse de ses passions, ni purgée des autres infirmités humaines, tant qu’elle sera attachée à notre corps.

Agnès. — Ah ! ce retour me plaît, et cette indulgence raisonnable peut être reçue. Car quel mal peut-on trouver dans la volupté quand elle est