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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/124

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fut assez favorable à mon souhait, m’apporta quelque soulagement. C’était le fils aîné du comte don Gracio, lequel, par fortune, jeta la vue sur moi et commença à m’aimer : toutes les fois que je le vis, je ne pouvais m’empêcher de l’aimer réciproquement. Nous commençâmes tous deux par des regards amoureux, des salutations de corps et puis de bouche ; après, par des témoignages tout particuliers d’amitié et d’amour ; mais ce qui me fâcha, c’est qu’au plus beau de nos plaisirs je fus obligée de changer de chambre, ce qui m’attrista extrêmement ; ce qui n’empêcha pas, néanmoins, qu’il ne me fit tenir par adresse une lettre dans laquelle il m’assurait qu’il brûlait d’amour pour moi et me priait d’avoir pitié de lui, en répondant à sa passion et à sa flamme. Tu peux croire avec quel saisissement (je puis dire d’amour) je lus cette lettre ; je pensai pâmer de passion et ne songeai plus qu’à jouir de mon cher don Gracio. Pour cet effet, je lui fis réponse qu’il vînt au plus tôt ; que je lui accorderais tout ce qu’il pouvait souhaiter d’une fille qui l’aimait plus que sa vie, et que je ferais tout mon possible de me retrouver à la première chambre, pour mieux jouir des plaisirs que j’attendais de lui. Il n’eût pas sitôt reçu cette agréable nouvelle qu’il partit pour me venir trouver. Je m’étais préparée à le recevoir et le faire entrer dans une chambre qui répondait à côté de celle de sœur Cornélie, là où nous nous devions donner l’un à l’autre des preuves de notre amour, il arriva