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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/131

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mari ; si j’en avais un, je l’aimerais trop pour lui donner une telle couronne.

Agnès. — Hélas ! Angélique, si vous aviez encore votre pucelage, on vous pourrait croire tout à fait innocente dans ce négoce. Ne savez-vous pas qu’on se lasse de manger toujours d’un même morceau ! Le changement est pour nous ordinairement un ragoût piquant et appétissant ; et même il y a fort peu de femmes (pour ne point dire toutes) qui ne se servent de l’occasion quand elles la trouvent ; jugez donc ce que font celles qui n’ont qu’un galant, selon leur dire, de quelle manière elles se gouvernent !

Angélique. — Je vous dis encore que toutes vos paroles ne me persuaderont pas et que je suis d’humeur de garder la fidélité à Samuel. Mais dites-moi quelles sont les raisons qui vous portent à me dépersuader de Samuel.

Agnès. — Ah ! que tu es opiniâtre ! Qui est-ce, je te prie, qui peut tourner en opprobre une nécessité insurmontable ? Si ce ne sont que les destins qui nous donnent une inclination si violente, le moyen de ne pas succomber ! Minerve même ni toutes les vestales ne peuvent pas y résister.

Angélique. — Tu m’importunes tant sur cette matière que je vais changer de discours. Tu sauras qu’un soir je reçus visite de Rodolphe qui était accompagné d’une demoiselle de qualité ; son nom est Alios. Elle avait un habit de taffetas, garni de quantité de rubans de diverses couleurs,