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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/161

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quelque chose d’extraordinaire dont elle serait bientôt éclaircie. Elle ne s’amusa point à les questionner, ni à leur demander pourquoi elles n’étaient pas chacune dans leur chambre, ni quel était ce fantôme qui avait paru et disparu en même temps : elle savait qu’elles ne manqueraient pas d’inventions pour cacher toutes leurs folies ; elle crut que le plus court était d’aller fureter partout et de visiter tous les lits et toutes les chambres. Comme elle était une vieille routière, elle s’imagina qu’elle découvrirait quelque indice qui lui révélerait ce mystère, où elle connaissait déjà que plusieurs religieuses se trouvaient intéressées, et surtout Pasithée, d’où elle avait vu sortir ce fantôme, et les deux sœurs mécontentes.

Agnès. — Dis-moi, je t’en prie, avant que de passer plus outre, quelles étaient ces deux sœurs qui furent toutes deux frustrées.

Angélique. — Je m’étonne que tu aies tant tardé à me faire cette demande ; mais puisque tu désires le savoir, je te dirai sans détour que j’étais celle à qui le premier rendez-vous fut donné, et c’est pour cela que je sais mieux que toute autre le détail de cette affaire, et sœur Colette était celle qui avait eu le second rendez-vous.

Agnès. — Ainsi tu es la principale cause du malheur qui est arrivé.

Angélique. — Dis seulement que j’en suis l’occasion, et même il n’y avait rien de gâté, si nous n’avions pas eu une abbesse si pénétrante, et qui