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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/169

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n’avaient pas vu de près ce qui s’était passé, et qui virent la chandelle éteinte, eurent là-dessus diverses pensées : celles qui connaissaient Marin intus et in cute se doutèrent de la chose ; d’autres crurent que pour s’exempter de cette honteuse visite, il avait renversé d’un coup de main le cierge et les lunettes de l’abbesse. Enfin il y eut quelques bonnes sœurs, de ces illuminées qui veulent trouver partout des miracles, qui dirent que c’était sainte Claire, la patronne du couvent, qui, ne pouvant souffrir qu’on soupçonnât d’impureté les chastes filles de sa société, s’opposait visiblement à une visite qui tendait à déshonorer leur ordre. L’abbesse savait bien ce qu’elle en devait croire ; néanmoins, faisant semblant de donner dans cette pensée, elle dit que puisque ce malheur venait d’arriver, que le flambeau s’était éteint, et que ses lunettes s’étaient cassées sans savoir comment, elle ne poursuivrait pas sa visite plus avant ; mais que puisque Marine avait donné lieu à tout ce tracas, en entrant la nuit, sans nécessité, dans la chambre de Pasithée, elle serait recluse pour quelques jours dans une chambre séparée, dont madame aurait la clef, et dont elle ne pourrait pas sortir sans son ordre ; que cependant elle nous défendait très expressément de parler aux novices, ni aux pensionnaires, ni enfin à personne du monde de ce qui s’était passé entre elle et nous. Tu devines bien, chère Agnès, pourquoi elle nous a tant recommandé le secret, et la raison qui