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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/188

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bêtise, que vous êtes à plaindre dans une retraite forcée d’où vous faites des millions de sorties par imagination pour rentrer en idée dans un monde qui vous paraît le séjour des délices et des enchantements, et où vous êtes réduites à faire sans cesse, à vos corps tendres et délicats, une cruelle guerre qui, sans vous procurer la paix de l’âme si désirée et si désirable, vous engage à la fin à les plonger dans les derniers désordres pour les dédommager des tourments que vous leur avez fait souffrir sans avoir pu les dompter et les réduire ! Que je vous plains d’être tantôt bouillantes, tantôt tièdes et tantôt tout à fait froides dans les exercices de la piété, et toujours misérables esclaves d’une chair qui vous fait trouver des écueils presque inévitables dans ce que vous appelez le havre de grâce, le sort du salut et un réduit inaccessible aux tempêtes du siècle qui vont faire, selon vous et selon ceux dont vous êtes les dupes, tant d’effrayants naufrages, et aux profanes, et aux mondains, S’il vaut mieux, suivant la doctrine de saint Paul, se marier que de brûler, j’aime bien mieux sortir d’ici pour prendre un aimable époux qui m’aimera tendrement, qu’y commencer mon enfer au milieu des flammes de la concupiscence qui m’ont livré jusques ici de si rudes combats et qui mille fois m’ont fait maudire la cruauté de ceux qui m’ont donné le jour !

Que nous avons de grâces à rendre à Dieu, ma chère sœur, de nous avoir conduites, contre vent