Aller au contenu

Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

céder avec méthode dans l’instruction que je vous veux donner, vous devez remarquer que la religion (j’entends par ce mot tous les ordres monastiques) est composée de deux corps, dont l’un est purement céleste et surnaturel, et l’autre terrestre et corruptible, qui n’est que de l’invention des hommes ; l’un est politique, et l’autre mystique par rapport à Jésus-Christ, qui est l’unique chef de la véritable Église. L’un est permanent, parce qu’il consiste dans la parole de Dieu qui est immuable et éternelle, et l’autre est sujet à une infinité de changements, parce qu’il dépend de celle des hommes, qui est finie et faillible. Cela supposé, il faut séparer ces deux corps, et en faire un juste discernement, pour savoir à quoi nous sommes véritablement obligés. Ce n’est pas une petite difficulté de les bien démêler. La politique, comme la plus faible partie, s’est tellement unie à l’autre, qui est la plus forte, que tout est presque à présent confondu, et la voix des hommes confuse avec celle de Dieu. C’est de ce désordre que les illusions, les scrupules, les gênes, et ces bourrèlements de conscience, qui mettent souvent une pauvre âme au désespoir, ont pris naissance, et que ce joug, qui doit être léger et facile à porter, est devenu, par l’imposition des hommes, pesant, lourd et insupportable à plusieurs.

Parmi de si épaisses ténèbres et une si visible altération de toutes choses, il faut s’attacher uniquement au gros de l’arbre sans se mettre en