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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/29

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étalage, mériter autant que celle qui indiscrètement s’en déchirera le corps.

Agnès. — Ah ! que je suis ravie de t’entendre ! L’extrême plaisir que j’y ai pris m’a empêchée de t’interrompre, et cette liberté de conscience que tu commences à me rendre par ton discours me décharge d’un nombre presque infini de peines qui me tourmentaient. Mais continue, je te prie, et m’apprends quel a été le dessein de la politique dans l’établissement de tant d’ordres, dont les règles et les constitutions sont si rigoureuses.

Angélique. — On peut considérer, dans la fondation de tous les monastères, deux ouvriers qui y ont travaillé, à savoir, le fondateur et la politique. L’Intention du premier a souvent été pure, sainte et éloignée de tous les desseins de l’autre. Et sans avoir d’autre vue que le salut des âmes, il a proposé des règles et des manières de vivre qu’il a cru nécessaires, ou tout au moins utiles à son avancement spirituel et celui de son prochain. C’est par là que les déserts se sont peuplés, et que les cloîtres se sont bâtis. Le zèle d’un seul en échauffait plusieurs, et leur principale occupation étant de chanter continuellement les louanges du vrai Dieu, ils attiraient, par ces pieux exercices, des compagnies entières qui s’unissaient à eux et ne faisaient qu’un corps. Je parle, en ceci, de ce qui s’est passé dans la ferveur des premiers siècles ; car, pour le reste, il en faut raisonner autrement