Aller au contenu

Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Agnès. — Hélas ! mon zèle était indiscret, et je croyais que plus je frappais, plus j’avais de mérite ; mon embonpoint et ma jeunesse me rendaient sensible aux moindres coups : tellement qu’à la fin de ce bel exercice, j’avais le derrière tout en feu ; je ne sais même si je n’y avais point quelque blessure, parce que j’étais tout à fait transportée, lorsque je l’outrageais si vivement.

Angélique. — Il faut, ma mignonne, que j’en fasse la visite, et que je vole de quoi est capable une ferveur mal conduite.

Agnès. — Oh Dieu ! faut-il que je souffre cela ! C’est donc tout de bon que vous parlez ? Je ne puis l’endurer sans confusion. Oh ! Oh !

Angélique — Et à quoi sert donc tout ce que je t’ai dit, si une sotte pudeur te retient encore ? Quel mal y a-t-il à m’accorder ce que je te demande ?

Agnès — Il est vrai, j’ai tort, et votre curiosité n’est point blâmable ; satisfaites-la comme vous souhaitez.

Angélique. — Oh ! le voilà donc à découvert, ce beau visage toujours voilé ! Mets-toi à genoux sur ta couche, et baisse un peu la tête, afin que je remarque la violence de tes coups. Ah ! bonté divine, quelle bigarrure ! Il me semble que je vois du taffetas de la Chine ou bien du rayé du temps passé ! Il faut avoir une grande dévotion au Mystère de la Flagellation pour s’en enluminer ainsi les fesses.

Agnès. — Eh bien ! as-tu assez contemplé cet