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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/37

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et même je serais ravie de voir en toi ce que tu as considéré si attentivement dans ma personne.

Angélique. — Hélas ! mon enfant, la demande que tu me fais ne me surprend point ; nous sommes toutes formées de même pâte. Tiens, je me mets dans ta posture. Bon, lève ma jupe et ma chemise le plus haut que tu pourras.

Agnès. — J’ai grande envie de prendre ma discipline, et de faire en sorte que ces deux sœurs jumelles n’aient rien à me reprocher.

Angélique. — Ouf ! ouf ! ouf ! comme tu y vas ! Ces sortes de jeux ne me plaisent que quand ils ne sont pas violents. Trêve, trêve ! Si ta dévotion t’allait reprendre, je serais perdue. Oh Dieu ! que tu as le bras flexible ! J’ai dessein de t’associer dans mon office, mais il y faut un peu plus de modération.

Agnès. — Voilà certes bien de quoi se plaindre ! Ce n’est pas la dixième partie des coups que j’ai reçus ; je te remets le reste à une autre fois : il faut accorder quelque chose à ton peu de courage. Sais-tu bien que cet endroit en devient plus beau : un certain feu qui l’anime lui communique un vermillon plus pur et plus brillant que tout celui d’Espagne. Approche-toi un peu plus près de la fenêtre, afin que le jour m’en découvre toutes les beautés. Voilà qui est bien. Je ne me lasserais jamais de le regarder ; je vois tout ce que je souhaitais. Jusques à son voisinage. Pourquoi couvres-tu cette partie de ta main ?