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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/43

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Agnès. — Sans doute tu fus charmée par ce beau discoureur ?

Angélique. — Oui, mon enfant, ce charlatan me persuada ; ses paroles me changèrent en un moment ; elles m’arrachèrent à moi-même et me firent rechercher avec ardeur ce que j’avais toujours fui avec constance. Je devins la plus scrupuleuse du monde, et parce qu’il m’avait dit que hors du cloître je ne pouvais faire mon salut, je m’imaginais, devant que d’y être entrée, avoir tous les diables à mes côtés. Depuis ce temps, il a voulu lui-même me remettre dans le bon sens ; il m’a donné les connaissances qui pouvaient me tirer des ténèbres où il m’avait jetée, et c’est à sa morale que je dois tout le repos et la quiétude d’esprit que je possède.

Agnès. — Apprends-moi donc vite qui est ce personnage.

Angélique. — C’est le Père de Raucourt.

Agnès. — Oh Dieu ! quel enchanteur ! j’ai été une fois à confesse à lui, je le prenais pour l’homme du monde le plus dévot : il est vrai qu’il sait l’art de gagner les cœurs en perfection, et qu’il persuade ce qu’il désire. Mais je lui veux mal de m’avoir laissée dans l’erreur où il me trouva, et d’où il me pouvait dégager.

Angélique. — Ah ! qu’il est trop prudent pour se mettre ainsi au hasard ! Il te voyait dans une bigoterie extraordinaire, dans des scrupules horribles, et savait que d’une extrémité à l’autre on ne peut