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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/45

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gieuse d’un couvent de cette ville, qui s’appelle sœur Virginie.

Agnès. — J’en ai ouï parler comme d’une beauté achevée, mais je n’en sait point d’autres particularités.

Angélique. — C’est une fille la plus belle qui se puisse voir, si le portrait que son galant m’en a montré est fidèle. Pour de l’esprit, elle en est autant bien partagée qu’elle le pouvait souhaiter ; elle est enjouée ; elle touche plusieurs instruments, et chante avec des charmes capables d’enlever les cœurs. Il y avait déjà quelques mois que notre jésuite se l’était entièrement acquise, et qu’ils jouissaient tous deux de cette douce tranquillité qui fait tout le bonheur des amants, lorsque la jalousie commença le désordre que tu vas entendre.

Il y avait dans ce même monastère une religieuse pour qui le père avait témoigné avoir de l’amitié, et à qui il avait fait plusieurs visites sur ce pied-là : il en avait même reçu quelques faveurs capables d’engager fortement un homme un peu fidèle, mais l’éclat de la beauté de Virginie l’emporta sur son cœur. Il se dégagea intérieurement de cette première habitude, et ne donna plus à cette pauvre fille que l’extérieur et les apparences d’un véritable amour. Elle s’aperçut bientôt du changement, et vit clairement qu’il y avait du partage. Elle dissimula néanmoins son chagrin, et voyant qu’elle avait affaire à une rivale