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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/47

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de crainte de donner lieu à la médisance. Les lettres du Père, dont les expressions étaient fortes et tendres, achevèrent de lui gagner tout à fait Virginie. Il la fut voir après huit jours d’absence, et remarqua à ses yeux et à sa contenance qu’il en aurait ce qu’elle lui avait toujours refusé auparavant. Cependant, sa rivale n’était pas oisive ; car, étant d’intelligence avec la mère portière, elle venait d’apprendre l’arrivée du jésuite, et ne doutant point qu’après un si long intervalle. Ils n’en vinssent à des privautés telles qu’elle les aurait souhaitées pour soi-même, elle se transporta, animée de la jalousie, dans un lieu voisin du parloir, où, par le moyen d’une petite ouverture qu’elle avait faite, elle pouvait découvrir jusques aux moindres mouvements de ceux qui s’y entretenaient, et entendre leurs plus secrètes conversations.

Agnès. — C’est ici que ma crainte se renouvelle. Ah ! que je veux de mal à cette curieuse, de troubler si malicieusement le repos de deux malheureux amants !

Angélique. — Afin que les dépositions qu’elle avait dessein de faire de ce qu’elle verrait fussent reçues sans difficulté, elle prit avec elle une autre religieuse qui pût rendre un semblable témoignage. S’étant donc postées l’une et l’autre dans l’endroit dont je t’ai parlé, elles aperçurent nos deux amants qui s’entretenaient plus par leurs regards et par leurs soupirs que par les paroles. Ils se