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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/52

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éviter les surprises. Elle finissait par des protestations d’un amour constant et à l’épreuve de toutes les plus rudes attaques de la jalousie, et lui faisait espérer que le temps pourrait dissiper cet orage qui les menaçait et les rendre plus heureux que jamais, je ne dis point avec quelle surprise le Père reçut et lut cette lettre. Ce fut un coup de foudre qui le frappa. Il vit qu’il n’était pas à propos d’y faire réponse et qu’il fallait céder au malheur qui s’opposait à sa bonne fortune dans le moment qu’il était près d’en jouir.

Trois semaines s’étaient déjà passées de ce veuvage lorsque Virginie, s’ennuyant de sa solitude, trouva, par une adresse merveilleuse, le moyen d’apprendre des nouvelles de son amant et de lui faire part des siennes. Elle feignit de s’être oubliée d’envoyer au Père de Raucourt un bonnet carré qu’il lui avait donné à faire du temps de leurs familiarités passées. Sa rivale lui dit qu’elle eût à le lui remettre entre les mains et qu’elle le ferait tenir par une tourière. Cela fut fait. La messagère fut avertie de la manière qu’elle devait parler. Elle s’acquitta de sa commission de point en point, et le jésuite, après avoir reçu le bonnet, la pria d’attendre un moment dans l’église, afin d’avoir lieu de penser à ce qu’il voyait. Après un peu de réflexion, il se douta du stratagème, fit ouverture dans un endroit du bonnet, et y trouva une lettre de Virginie ; sans l’examiner beaucoup, il y fit promptement la réponse, qu’il plaça dans le même