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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/82

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chez les religieuses de la Visitation : jamais je n’y ai été plus animé. Je devais, conformément à mon sujet, entretenir la compagnie de la mortification et de la pénitence, et je n’ai parlé dans tout mon discours que d’affections, que de tendresse, que de saillies et de transports. C’est vous, Virginie, qui causez tout ce désordre. Prenez donc compassion de mon égarement et travaillez à trouver promptement le moyen de me remettre dans mon bon sens. Adieu.

Angélique. — Eh bien ! Agnès, que dis-tu de cet enfant fait à la hâte ?

Agnès. — Je le trouve digne de son père, et capable, tout nu qu’il est d’habit et d’ornement, de se conserver non seulement un cœur qu’il possède, mais même d’y exciter de nouveaux mouvements.

Angélique. — Tu as raison ; car en amour le plus négligé est toujours le plus persuasif, et souvent toute l’éloquence d’un orateur ne pourrait faire naître dans une âme ces doux transports qui ne sont que les effets d’un terme peu relevé, mais expressif. C’est une vérité dont je puis rendre témoignage, puisque je l’ai éprouvé plusieurs fois dans moi-même. Mais voyons un peu si Virginie s’exprime aussi bien que son amant.

Agnès. — Donne-moi la lettre, que j’en fasse la lecture.

Angélique. — Tiens, la voilà : c’est plutôt un