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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/94

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autres cela doit être bien indifférent que ce soit lui ou un moins rigoureux qui nous entende.

Agnès. — Pour moi je ne puis lui dire la moindre peccadille qu’il ne s’emporte. Pour une pensée dont je m’accuserai, il m’ordonnera des mortifications et des pénitences horribles, et me fera jeûner deux jours pour le moindre mouvement de la chair dont je me confesserai ; outre que je ne sais la plupart du temps de quoi l’entretenir, de crainte de lui dire quelque chose qui le choque, et je ne puis concevoir comment tu fais, toi qui le tiens si longtemps.

Angélique. — Eh ! crois-tu que je sois si sotte de lui déclarer le secret de mon cœur ? Bien loin de cela : comme je le connais tout à fait rigide, je ne lui dis que les choses sur lesquelles il n’y a point de prise. Il ne peut conclure de tout ce qu’il apprend de moi sinon que je suis une fille d’oraison et de contemplation, qui ne connaît point tous les mouvements d’une nature corrompue, ce qui fait qu’il n’ose pas même m’interroger sur cette matière. La pénitence la plus rude que j’ai reçue, c’est cinq Pater noster et les Litanies.

Agnès. — Mais encore, que lui dis-tu donc ? car pour avoir rompu le silence ou raillé une personne de la communauté (ce qui n’est rien), il me prônera un quart d’heure.

Angélique. — Toutes ces fautes-là étant désignées en particulier, avec leurs circonstances, de légères elles deviennent quelquefois plus considé-