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Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/24

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capitations des Juifs (que Dieu lui en fasse profiter !). Il eut grand soin des prisonniers, mettant en liberté ceux qui le méritaient, et faisant exécuter les jugements prononcés contre les criminels.

Sa réputation de générosité était universelle. Il avait fixé des époques pour la distribution de ses largesses à tous ceux qui en étaient dignes par leurs qualités belles ou viriles. Le soin de les répartir incombait à l’éminent jurisconsulte et professeur Aboû Abd-Allâh Mohammad ibn Salâm le Tabarien[1], qui remettait à chacun ce qui lui revenait en argent, en nourriture, en huile, en troupeau de bœufs et de brebis. Il en faisait ainsi à Tunis, la capitale, et dans toute l’étendue du territoire.

Au sujet de ses belles actions, mentionnons encore ceci : chaque année il dirigeait une troupe de pèlerins vers la sainte maison de Dieu[2] et au tombeau du prophète[3] et faisait distribuer à cette occasion de quoi mettre à l’aise tous les habitants et avoisinants de la Mecque et Médine. Que Dieu l’en récompense ! Outre cela il envoyait de l’argent et des vêtements d’honneur aux Schaikhs arabes, terreur des voyageurs, pour les empêcher par là de molester les pèlerins et pour les engager à leur faciliter le voyage.

Parmi ses belles actions il faut citer aussi le secours perpétuel qu’il avait l’habitude de faire parvenir aux habitants de l’Andalousie[4]. Il avait consacré à cet effet chaque année mille[5] kafiz[6] de farine provenant de la dîme du pays. À cet envoi il ajoutait des cuirs, de l’argent, des chevaux de race, des armes excellentes et de la précieuse poudre à canon qui leur manquait. Mentionnons aussi sa sollicitude pour les prisonniers musulmans tombés entre les mains des chrétiens. À cet égard il fit des choses sans précédent, au point de désigner pour cette œuvre des biens considérables, inaliénables. L’administration de ces biens était confiée à Aboû Abd-Allah Mohammad ibn Azzoûz, qui était chargé d’en garder les revenus augmentés du quart de tous les droits d’entrée et de sortie de la ville de Tunis, afin d’employer cet argent au rachat des esclaves après la mort de

  1. Beau père de l’auteur.
  2. La Mecque.
  3. Médine.
  4. Il assigna aux habitants de l’Andalousie, chaque année, des aliments, etc. pour les aider à faire la guerre sainte contre les ennemis de la religion (Ibn Aboû Dînar, p. 144).
  5. Un M. dit : deux mille.
  6. La Kafiz est une mesure tunisienne du poids de 50 quintaux métriques.