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Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/57

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tions de Dieu soient sur lui, sur sa famille et sur tous les prophètes et envoyés.


§ 6. — Divergences entre les quatre qui ont écrit les quatre évangiles et démonstration de leurs erreurs.[1]


Sachez (Dieu vous fasse miséricorde) que les quatre auteurs des évangiles sont en désaccord sur bien des points ; ce qui est une preuve d’erreur ; car s’ils étaient véridiques, ils ne devraient être en désaccord sur rien. Dieu, en effet, dit dans le Korân[2] : S’il (le Korân) provenait d’un autre que de Dieu, on y trouverait certainement des contradictions.

  1. Le Schaikh El Hâdj ‘Abd Allah ben El Hâdj Dostân Moustafa dit dans son livre, écrit à Constantinople en 1276 (1859) : Si l’on nous demande où se trouve le vrai évangile, nous répondrons qu’il est perdu, car s’il n’en était pas ainsi il se trouverait chez les chrétiens ou chez nous, or il ne se trouve ni chez les uns, ni chez les autres. Et si l’on nous demande, quand et comment il s’est perdu, nous répondrons : il est possible qu’au moment où les Juifs se sont emparé de Jésus pour le tuer, ils ont pris l’évangile et l’ont brûlé par le feu ou bien déchiré en morceaux, et cela avant qu’il ait pu se répandre dans le monde, les apôtres, peu nombreux, illettrés, ne sachant ni lire ni écrire, n’ayant pas pu s’en faire un second exemplaire. Il se peut aussi qu’au moment de la mort de Jésus l’évangile, n’étant pas rédigé encore, a disparu avec celui qui l’avait apporté. Si l’on nous demande enfin, comment dans ce cas les chrétiens peuvent être appelés « gens du livre », nous répondons : cette dénomination ne prouve nullement que le vrai évangile se trouve entre leurs mains, parce que le mot « livre » ne se rapporte pas nécessairement à une révélation de la part de Dieu ; c’est un terme général s’appliquant tout aussi bien à une révélation qu’à autre chose ; ou encore sont-ils appelés ainsi, parce qu’ils prétendent croire en un livre révélé par Dieu, par opposition aux polythéistes qui généralement nient toute espèce de livre (Note marginale du texte arabe imprimé).

    Le Schaikh Abd Allah dit : Les chrétiens relatent dans leurs histoires ecclésiastiques, qu’aux second et troisième siècles, il est déjà des controverses entre les diverses églises, au sujet de l’authenticité des quatre évangiles. Les uns les attribuaient aux quatre évangélistes, d’autres les leurs contestaient, vu qu’il circulait beaucoup d’écrits falsifiés, au nombre de quarante et plus, portant tous le nom d’un apôtre. Tous ces écrits étaient appelés évangiles au même titre que les quatre. Enfin, après de longues controverses on n’a conservé que les quatre, tandis qu’on a abandonné et brûlé les autres. Et de même qu’il y a désaccord sur l’authenticité, vu l’impossibilité de les attribuer directement à Jésus, il y a aussi désaccord sur la langue dans laquelle ces évangiles ont été écrits. Selon les uns ils ont été composés en grec, selon d’autres en hébreu, selon d’autres encore en syriaque, selon d’autres enfin en un mélange d’hébreu et de syriaque. Toutes ces contradictions et bien d’autres encore démontrent suffisamment que ces écrits ne sont pas le Livre révélé par Dieu.

  2. Soura IV (des femmes).