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Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/59

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raison. Dans l’un et dans l’autre récit, l’aveugle invoque Jésus et lui dit : Ô fils de David ! le rattachant ainsi à une famille humaine, et contredisant le dogme chrétien sur Jésus. En effet, l’aveugle ne lui dit pas : Ô Dieu, ou, Ô fils de Dieu, ou, Ô Créateur du monde, comme les chrétiens appellent Jésus ; il lui dit simplement : Ô fils de David, et le rattache de cette façon à un prophète d’entre les prophètes vénérés. L’aveugle, au reste, ne fait ici que constater (ce qui est conforme à la vérité) que Jésus, par sa mère Marie (le salut soit sur elle !), descend de David, fils de Ischâ (Jesse), de la tribu de Juda, fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham.

Autre divergence, Matthieu dit, au chap. XXVII de son évangile : « On crucifia avec Jésus le Christ, deux brigands qui l’insultaient au sujet de sa crucifixion. » Mais Luc, au chap. XXIII de son évangile, dit qu’un des brigands injuriait Jésus, disant : « Si tu es le Messie véritablement, sauve-toi toi-même et sauve-nous ; tandis que l’autre brigand le reprenait, disant : Ne crains-tu pas Dieu et ne sais-tu pas que ce qui lui arrive, t’arrive également ! Pour moi et pour toi, nous avons mérité ce qu’on nous fait, mais lui n’a rien mérité ; puis il dit au Messie : Seigneur, souviens-toi de moi le jour où tu viendras dans ton royaume. Et le Messie lui répondit : Je te dis, en vérité, tu seras avec moi, ce jour-là, dans le jardin du Paradis. »

Nous avons ici une contradiction manifeste, car Matthieu rend les deux brigands dignes de l’enfer, parce que tous deux ont injurié le Christ, tandis que Luc en rend un digne du paradis ; sans parler du fond même de ce récit qui, pour ce qui concerne la crucifixion, doit être faux.

Quant à Jean, présent au moment où l’on crucifiait les victimes, il dit (au chap. XIX de son évangile) : « On crucifia avec Jésus deux voleurs, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, » mais sans mentionner aucune parole de leur part ; ce qui est un comble de contradiction.

Autre divergence. Au chap. XXI de son évangile Matthieu dit : Jésus, lorsqu’il allait à Jérusalem, monta sur une ânesse, comme avait prédit à son égard un des prophètes, disant : « Vous verrez votre roi, qui vient à vous sur une ânesse ». Mais Marc, au chap. XI de son évangile, raconte que le Christ était monté sur un jeune ânon, poulain d’une ânesse, sans mentionner qu’il était monté sur une ânesse. Luc, de son côté, au chap. XVII de son évangile, disant que Jésus montait une ânesse, est d’accord avec Matthieu, tandis que Jean racon-