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Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/61

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tion avec le chap. XI du même évangile, où Jésus dit aux Juifs : « Jean est venu vers vous, ne mangeant et ne buvant, et vous avez dit, c’est un possédé ; le fils de l’homme[1] (c’est-à-dire, moi), est venu vers vous, mangeant et buvant, et vous avez dit, c’est un homme de ventre, mangeur et buveur de vin. »

Nous constatons ici d’abord une contradiction, dans les paroles mêmes de Matthieu, qui, d’un côté raconte que Jean ne mangeait ni ne buvait, et de l’autre côté affirme qu’il mangeait des sauterelles et du miel. Remarquons en passant, que les chrétiens n’ont pas l’air de s’apercevoir d’un bien grave argument contre eux, de la bouche même de Jésus, qui s’appelle ici lui-même fils d’homme[2] et affirme qu’il mangeait et qu’il buvait de l’eau et du vin, contredisant par là le dogme chrétien qui le fait Dieu et le fils de Dieu.

Au nombre de leurs divergences et de leurs erreurs au sujet de Dieu et de Jésus son Envoyé, se trouve aussi ce que dit Jean, au chap. V de son évangile : « Jésus dit aux Juifs : Mon père qui m’a envoyé, rend témoignage de moi. Personne n’a jamais entendu sa voix ni ne l’a vu ». Ces paroles, mises dans la bouche de Jésus, et qui s’approchent de la vérité, sont contredites pour le fond et pour la forme, par Matthieu qui dit, au chap. XVII de son évangile : « Jésus monta sur la montagne de Taboûr, accompagné des apôtres Pierre[3], Jacques[4] et Jean. Quand ils se furent installés sur la montagne, tout-à-coup le visage du Christ resplendit comme le soleil[5], tellement qu’ils ne pouvaient le contempler en face et ils entendirent la voix du père, venant du ciel, et disant : Celui-ci est mon fils, que je me suis choisi, écoutez-le et croyez en lui. » La même histoire est rapportée par Marc au chap. IX de son évangile. Par contre, Jean au chap. XIV de son évangile dit : « Le Christ dit aux apôtres : vous connaissez mon père et vous l’avez vu. L’apôtre Philippe[6] lui dit : Seigneur, comment avons-nous vu le père ? Jésus lui répondit : ô Philippe, je suis avec vous depuis longtemps, et vous m’avez connu ; ô Philippe, celui qui m’a vu, a vu mon père ».

  1. Var. : le fils de filius, le fils de filis, le fils de Kalbis, c’est-à-dire le fils de l’homme.
  2. Var. : de l’homme.
  3. Bîtrô, Pitrô, Baitar.
  4. Djâkmô, Djâkim.
  5. Var. : comme la lune ou le soleil.
  6. Filîbâ, Fîlibô.