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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/121

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améliorons le dedans. Messieurs les carrossiers, vous construisez des machines élégantes, légères et cependant solides, qui transportent un homme à quatre lieues de chez lui dans une heure, si les chevaux sont bons, et sans cahot si la route est unie. Notre machine, à nous, transporte la société entière, au grand galop, vers un avenir de lumière, de justice et de fraternelle harmonie ; nous n’avons pas besoin de chevaux pour cela, et les obstacles qu’on amoncèle sur le chemin ne nous ont jamais arrêtés.

Notre industrie paye l’impôt comme les vôtres ; à cela près que les gouvernements nous frappent plus fort que vous. Un produit que nous livrons au marchand pour onze centimes en a payé six à l’État. Que diriez-vous si une voiture établie pour 5 000 fr. était frappée d’un impôt de 6 000, qui, joint au bénéfice de l’intermédiaire ou vendeur, élèverait le prix de vente à 15 000 fr. ? C’est pourtant l’histoire des journaux à 15 centimes ; je n’ai fait que remplacer les centimes par des billets de mille francs, comme on grossit l’objet au microscope pour rendre chaque détail plus visible. Cinq centimes sont le prix du journal en fabrique ; six, le montant de l’impôt ; quatre, le bénéfice du vendeur. Si la marchandise des chapeliers était taxée comme la nôtre, un chapeau qui vaut dix francs en fabrique en payerait douze à l’État ; le détaillant en prendrait huit