Aller au contenu

Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et l’hésitation des autres. Telle est la force d’une idée juste, qu’elle aboutit quelquefois spontanément ; elle entre dans le domaine des faits comme un boulet dans une bicoque. Qui sait si le rapport de M. Duruy ne fera pas son chemin de la même manière ? Les vérités qu’il proclame n’ont été ni réfutées ni même contestées : le gouvernement les laisse intactes ; il passe outre, en fermant les yeux pour ne pas les voir. Il les verra toujours, quelques efforts qu’il fasse, et il y reviendra malgré lui.

Êtes-vous bien certain qu’il ne nourrisse pas une arrière-pensée d’y revenir bientôt ? Examinez l’affaire de tout près. Rien n’obligeait le Moniteur à publier le travail de M. Duruy. Les ministres ne sont pas assez omnipotents aujourd’hui pour qu’on ait peur d’enterrer leurs élucubrations au fond d’un portefeuille. Or, on n’a pas enterré celle-là ; bien au contraire. Pensez-vous qu’on lui ait donné une publicité immense pour le plaisir de nous faire pousser les hauts cris ? C’est tout à fait invraisemblable : le pouvoir est fondé sur l’opinion, et il le sait ; il ne s’amuserait pas à saper sa propre base. Cherchez une autre explication.

Lorsqu’un auteur a écrit une pièce hardie, sans précédents, faite pour étonner une noble partie du public, il y a deux moyens de la produire.

Le plus simple, mais le plus dangereux, consiste