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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/276

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niteur du Spiritisme n’y va pas de main morte. Ceux qu’il décore officiellement du titre de médiums à la quatrième colonne passent jongleurs à la cinquième. Y a-t-il donc si peu de distance entre un jongleur et un médium ? Vous, monsieur, qui comptez parmi nos médiums les plus considérables, pourriez-vous en si peu de temps retomber au niveau des jongleurs ? À quel signe distingue-t-on les uns des autres ? Quel est le juge qui prononce en dernier ressort dans ces questions délicates ? Si c’est vous, je suis bien tranquille ; mais si c’est un autre, je crains pour vous.

Vous souriez de mon ignorance. Hé bien ! non, je ne suis pas un ignorant en ces matières, et s’il fallait exposer la doctrine du spiritisme, je m’en tirerais peut-être aussi bien que vous.

Le spiritisme est une sorte de catholicisme échauffé, mystique et maladif. En dépit des progrès de la raison publique, beaucoup de femmes, de vieillards, de valétudinaires, d’oisifs, d’esprits faibles, ont la rage du merveilleux. Le monde réel ne leur suffit pas, les plus nobles rêveries de la métaphysique, les plus douces espérances d’outre-tombe ne leur semblent ni assez réelles, ni surtout assez proches. Cette foule de gens nerveux et pressés a besoin d’escompter ici-bas les espérances de l’autre vie. Elle veut voir travailler Dieu dans les salons obscurs ; elle a besoin de toucher du doigt les