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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/278

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pourquoi me refuserait-il une sous-préfecture ? Je lui rendrais hommage et le servirais en bon vassal. » Un autre, qui se repent d’avoir négligé ses études, veut arriver au talent par des chemins de traverse. Au lieu de piocher comme un serf de l’École normale ou de l’École polytechnique, il demande des collaborateurs au ciel. Les écrivains, les artistes, les savants pullulent là-haut ; si l’un d’eux se dérangeait un moment pour me dicter un chef-d’œuvre ! Non-seulement il ne se fatiguerait pas, mais il se distrairait en travaillant pour moi, ce grand homme ! »

J’en passe, et des plus ridicules. Ceux qui veulent connaître l’avenir pour spéculer dessus ou simplement pour savoir ; ceux qui ont à se venger d’un ennemi, et qui craignent la police correctionnelle : « Qu’il serait doux de convoquer Mozart, Beethoven et Donizetti et de les envoyer faire charivari chez le nouvel adjoint de mon village ! »

Les magiciens de tous les temps ont exploité ces secrètes aspirations de la faiblesse humaine. Ils promettaient à l’un le pouvoir, à l’autre la possession d’une belle indifférente ; la gloire, la santé, la vengeance, la vue d’un parent ou d’un ami regretté ; que sais-je encore ? Le tout par l’intercession du diable. Le diable n’a jamais fait ni bien ni mal à personne : je me trompe ; il a fait gagner beaucoup d’argent aux sorciers.