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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/285

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on se retrouve esclave de la sottise et de la vanité urbaines.

Il suit de là que les châtelains eux-mêmes s’échappent de la campagne au beau milieu d’une saison. Les uns gagnent la mer, les autres se dirigent vers les eaux de France ou d’Allemagne. Mais il n’y a pas d’eaux à la mode qui ne deviennent bientôt plus parisiennes que Paris. On y trouve tout ce qu’on fuyait, et de plus les tripots, le gaspillage insolent de l’argent gagné vite, le mélange de tous les mondes, le contact inévitable de la pornocratie.

Les bains de mer valent un peu mieux, j’en conviens : on s’y cantonne plus facilement contre les invasions de l’autre monde. Mais aussitôt qu’une plage est adoptée par la mode, elle devient un turf d’élégance ; on y passe la vie à se faire voir, à changer de toilette ; l’âcreté des jalousies fait plus de mal que l’air salé ne fait de bien. D’ailleurs, le voisinage de la mer ne convient pas à tous les tempéraments. Ajoutez que les distractions de Bade et de Trouville ont le tort de coûter fort cher : le temps n’est plus où les élégantes pouvaient faire en été des économies pour l’hiver.

Économisent-elles au moins de la santé et de la force ? J’en doute un peu. Pour que les gens du monde tirassent un vrai profit de leurs vacances, il ne faudrait pas transporter dans leurs bagages