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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/314

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deux ou deux mille, fabriqueront tout juste autant de pain que la population en voudra consommer. Les constructeurs de machines, qu’ils soient cinq ou cinquante, feront exactement le nombre de locomotives qui sera demandé par les chemins de fer. Que les brevets d’imprimeur soient quadruplés ou réduits de trois quarts, il ne s’imprimera ni plus ni moins de feuilles que le public n’en veut acheter pour les lire.

Vous regrettez de n’avoir pas deux fois plus d’ouvrage. C’est un but honorable et qu’on peut avouer sans fausse honte. Mais il n’y a qu’un moyen de l’atteindre, c’est de doubler le nombre ou l’appétit des lecteurs. Votre avenir est donc entre les mains d’un fonctionnaire très-modeste, et, grâce à Dieu, très-actif : le maître d’école.

Dans l’état actuel des mœurs françaises, on lit déjà passablement, trois fois plus, j’en réponds, qu’aux premiers jours du xixe siècle. Les armées de M. Duruy vont accroissant chaque année la foule de nos consommateurs. Nous sommes loin, bien loin du temps où l’éditeur de Boileau s’étonnait de vendre le Lutrin à trois cents exemplaires. Les journaux, ce pain quotidien, s’enlèvent matin et soir par centaines de mille : ils ne tarderont pas à se vendre par millions, je l’espère ; mais l’État n’en ferait pas écouler deux de plus en décuplant le nombre des autorisations. Demandez au capital : il s’y