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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/320

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tité, un homme qui n’est pas fou choisira toujours le moins cher. Chaussures, vêtements, chapeaux, tout ce que vous achetez est choisi en vertu du même principe. Paris est peuplé de boutiques qui ont pour spécialité de vous vendre une redingote 45 fr. au lieu de 75. Vous vous habillez là plutôt que chez les tailleurs à la mode, et ce n’est pas moi qui vous blâme de courir au bon marché. Mais enfin vous êtes des hommes éclairés, vous savez à quelles conditions on obtient le rabais dont vous profitez sans scrupule. Non-seulement le vendeur limite ses bénéfices et travaille lui-même au rabais, mais il adjuge ses façons au rabais, il achète au rabais toutes ses fournitures chez divers fabricants qui tous font travailler hommes et femmes au rabais.

Quoi ! dans ce monde où tous les hommes sont unis par une solidarité absolue, vous voulez profiter de la concurrence des autres et vous n’admettez pas la concurrence chez vous ? Dans toutes les industries qui vous servent, on lutte à coups de travail et de privations ; l’homme s’exténue en efforts, la femme se refuse le nécessaire ; c’est à qui donnera son travail au meilleur marché ; on obtient, Dieu sait à quel prix, un rabais sur vos vêtements, vos chaussures et le reste, et vous vous gendarmez à l’idée d’un rabais fort problématique qui vous menace à l’horizon lointain ? Si vous êtes