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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/348

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posséder demain 101 mille, ou 99 mille, et cela sans avoir rien fait pour accroître ou diminuer son bien.

Me demanderez-vous pourquoi tant d’hommes intelligents exposent leur capital à l’alea des révolutions financières et politiques ? Il serait plus prudent de tout mettre en biens fonds. Mais hélas ! Les biens fonds donnent un revenu si modeste, qu’il faut être prodigieusement riche pour échapper aux séductions du papier. Placez donc votre avoir à deux et demi, quand vous avez cent mille francs pour tout potage ! Le papier donne cinq, sept et demi et jusqu’à dix. Il est donc le préféré des petites fortunes. Sur un million qui s’économise chez nous, six ou sept cent mille francs n’ont rien de plus chaud que de se transformer en papier.

Et dire qu’un simple accident, sous un régime comme le nôtre, pourrait, en vingt-quatre heures, amener une baisse de 50 pour 100 sur quarante milliards de valeurs !

Je ne crois pas aux accidents, on n’y croit pas davantage en haut lieu, et je dois dire, à la louange de la nation, qu’elle est unanime dans sa confiance. Lorsque le vice-roi d’Égypte s’est enfui à Constantinople, laissant son peuple se débrouiller tout seul avec la mort, il a fait, sans nul doute, un acte de haute prudence asiatique. Il a préservé les Égyptiens de toute commotion financière et prouvé