Aller au contenu

Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

théologie et de la politique, cherche à fonder solidement la morale sociale, étudie les meilleurs moyens de rendre l’homme meilleur et plus heureux. Chacun apporte sa théorie ; on s’éclaire réciproquement, on discute à l’amiable, un auditoire attentif et bienveillant profite des leçons, soumet ses doutes, provoque les explications et fixe laborieusement ses idées sur le bien et sur le mal.

La franc-maçonnerie ainsi comprise n’est pas une institution de luxe, croyez-moi, et sa tâche n’est pas une sinécure. Songez donc ! il s’agit de fonder une morale qui s’impose avec l’autorité la plus incontestable au genre humain tout entier. Étant donnés un protestant comme Lincoln, un israélite comme M. de Rothschild, un musulman comme Abd-el-Kader, un catholique comme vous et un athée comme Proudhon, rédiger une loi qui satisfasse tout le monde et ne blesse ni les opinions, ni la foi, ni les intérêts de personne ! c’est l’harmonie universelle à fonder : ni plus ni moins. Voilà le but de la maçonnerie, et quoiqu’il soit placé un peu haut, un peu loin, il est assez digne d’ambition pour que les plus honnêtes gens chaussent leurs bottes et se mettent en route.

Mais plus la route est longue et le but élevé, plus il importe de secouer tout bagage inutile. Or, j’ai indiqué discrètement tout le fatras qui surcharge la maçonnerie actuelle.