Aller au contenu

Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

route, la seule possible, et que les choses ont toujours été ainsi.

Il faut qu’un provincial arrive de son village, l’esprit farci de vieux souvenirs, l’ancien plan de Paris gravé dans la tête, pour vous rappeler que tout était autrement en 1845. Les démolitions, les reconstructions, les percements, les nivellements, tout ce qui s’est fait en détail sous vos yeux s’accomplit pour ainsi dire en un seul moment à sa vue.

Il voit crouler tout un quartier qui se tenait debout dans sa mémoire ; il voit sortir de terre ces longues files de maisons uniformes dont il n’avait aucune idée jusqu’à ce jour. L’improvisation gigantesque de M. Haussmann a pu frapper beaucoup de Parisiens dans leurs intérêts, leurs goûts, leurs habitudes ; elle ne frappe d’étonnement que les étrangers ou les provinciaux.

Cette réflexion s’étend à tous les changements qui se sont faits dans la vie parisienne. Ce n’est pas en un jour que le loyer d’une famille bourgeoise s’est élevé de 1500 fr. à 3000. Le filet de bœuf n’a pas monté brusquement de 1 fr. 25 à 2 fr. 50. Vous avez eu quinze ou vingt ans pour vous acclimater à la cherté de toutes choses. La transition n’est bien sensible qu’aux yeux d’un nouveau débarqué, le jour où il remet les pieds sur le macadam de Paris.

Il faut donc, pourvoir clair à vos propres affai-