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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/84

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manquer de médecins dans les campagnes. Mes amis m’ont cité tel village où le médecin ne gagne pas, en travaillant, l’intérêt des 20 000 francs qu’il a dépensés. À ses côtés végète un vétérinaire aussi malheureux que lui. Un seul homme suffirait à soigner bêtes et gens ; mais l’État n’admet pas ce genre de cumul. Il sait pourtant qu’un médecin ne serait pas plus sot s’il faisait un peu de pathologie comparée, et qu’un vétérinaire ne tuerait pas un cheval de plus s’il avait l’occasion de se perfectionner sur les chrétiens. Non, le bonnet de docteur et le chapeau du vétérinaire ne doivent pas coiffer la même tête ; il y aurait encombrement.

Vive notre pays, cher maître, et vive la liberté ! N’est-il pas naturel qu’un père de famille choisisse librement le médecin de sa femme ou de ses bœufs ? Que d’un autre côté tout homme intelligent et capable puisse entreprendre à ses risques et périls la guérison des hommes et des animaux ? Ainsi fait-on chez nous, et les races humaine, chevaline, ovine et bovine ne s’y portent pas plus mal qu’en France, au contraire.

Les Français craignent-ils de voir les vrais savants délaissés pour les médicastres ? Allons donc ! le malade a trop d’intérêt à se fournir de santé aux bonnes sources. Il va, coûte que coûte, porter sa peau aux princes de la science, à ceux qui ont fait leurs preuves, écrit des livres, publié des mé-