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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/115

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Les laboureurs s’amusent aussi de temps en temps à débarrasser le sol de tous les arbres dont il est encombré. Ceux-là ne détruisent point par intérêt, mais par hygiène. Ils sont convaincus que l’arbre est une créature malsaine, et que personne n’aurait plus la fièvre si le pays était une bonne fois nettoyé. Voilà pourquoi l’imprudent qui se permet de faire des plantations trouve quelquefois ses élèves coupés par le pied ou dépouillés de leur écorce.

D’autres, enfin, détruisent par désœuvrement et pour le plaisir de détruire. Ils sont d’avis que notre bien se compose du mal d’autrui. C’est la même idée qui préside à la conduite des singes, les plus spirituels des animaux malfaisants.

Lorsque j’allais à la chasse, je n’emmenais pas Petros avec moi, parce qu’il a la malheureuse habitude de mélanger la poudre avec le plomb pour les couler dans le fusil. Je prenais un autre domestique, grand chasseur, et qui a peut-être couru l’homme dans sa jeunesse. Je ne suis jamais sorti avec lui sans qu’il me demandât la permission d’amasser des branches mortes pour mettre le feu à un buisson. Il est aujourd’hui garde forestier.

J’ai suivi un jour pendant trois ou quatre heures le lit du Saranda-Potami : c’est une rivière de Laconie. J’y ai vu peut-être mille platanes, tous énormes, tous vigoureux, et tous d’une rare beauté. Il n’y en avait pas un qu’on n’eût essayé de brûler par le pied.

Voilà pourquoi, en 1849, il s’est importé en Grèce pour 1 092 690 drachmes de bois de construction.