D’où je conclus que, sans autres ressources que son agriculture, la Grèce serait riche si le gouvernement faisait son devoir.
IV
La Grèce manque du nécessaire : elle s’en console par le superflu.
Depuis plusieurs années, on ne construit pas une maison dans Athènes sans y joindre un petit jardin d’agrément. Les bourgeois les plus pauvres et les plus endettés se donnent le plaisir de cultiver quelques orangers et quelques fleurs. Jamais, dans leurs jardins, ils ne laissent une place pour la culture des plantes potagères : ils se croiraient déshonorés s’ils surprenaient derrière leur maison un oignon furtif ou un chou dissimulé. La vanité est plus forte chez eux que l’intérêt et le besoin.
Cependant un jardin coûte cher. Les arbustes se payent deux drachmes, l’un dans l’autre, chez les pépiniéristes grecs ou chez les Génois Bottaro. Si l’on veut avoir de la terre végétale, il faut l’acheter ; si l’on veut arroser les arbres (et les arbres veulent tous être arrosés), il faut acheter, pour deux cents drachmes par an, une prise d’eau que la municipalité vous vend sans la garantir, car les paysans coupent les