Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/176

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Voici d’ailleurs une conversation que j’ai entendue en Grèce et écrite une heure après. J’en garantis l’exactitude, sinon la véracité. Un jeune Français, qui allait s’embarquer pour un petit voyage dans les îles, prenait congé d’un de ses compatriotes, établi depuis quelques années à Athènes.

« Pour Dieu ! disait le vétéran au novice, avant d’entrer dans une maison, informe-toi si elle contient des filles à marier.

— Et pourquoi ?

— Tu le demandes, malheureux ! Tu ne sais donc pas ce que c’est que la chasse aux maris, telle qu’on la pratique depuis Gênes jusqu’à Smyrne, en Italie, en Grèce, en Asie, sur toute la Méditerranée ? Tu n’as jamais entendu dire de quelle façon l’homme, gibier très-rare dans tous ces pays, est traqué par la femme ; quelle battue générale on fait contre lui ; comme il est guetté par les mères, amorcé par les filles, couché en joue par les pères et par les frères ? Écoute. J’ai passé quelques jours dans une des îles de l’Archipel, chez un brave homme assez considéré, bien placé, dans un poste officiel, et l’un des premiers de son île. Il y avait une fille dans la maison, jeune, jolie et armée de cet œil asiatique qui vous perce l’âme. Dès le premier jour, je crus voir qu’elle me regardait avec une bienveillance marquée. Pour m’assurer si je ne me trompe pas, je saisis le premier moment favorable pour lui appliquer un robuste baiser. Elle me le rend sans hésiter, en fille désintéressée et qui ne veut rien garder à autrui. D’occasions en occasions, de baisers en baisers, nous commencions à