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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/178

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voyageur qui s’était oublié dans la même maison, en délaçant le même corset, et qui s’en était repenti. Quoiqu’il n’eût aucune vocation pour le mariage, on l’avait conduit, le couteau sous la gorge, devant le prêtre, et, ce qui est plus grave, devant le consul.

— Quoi ! il l’avait épousée ? elle te recherchait donc en secondes noces ?

— Mon pauvre ami, tu ne sais pas encore ce qui se cache d’astuce au fond d’un père de famille. La fille au corset avait une sœur aînée, légèrement épileptique, et beaucoup trop laide pour conquérir elle-même son mari. C’est elle qu’on fit épouser au coupable, pour le punir d’avoir délacé l’autre. On espérait que la plus jeune, avec sa beauté et ses petits talents, trouverait bien à se marier une seconde fois. Médite, mon ami, cette trop véridique histoire, et puisse mon expérience te préserver de semblable malencontre. Souviens-toi qu’un mariage contracté à l’étranger devant le consul est valable en France aux yeux de la loi ; qu’aux yeux de la religion catholique, tout mariage est bon, fût-il célébré par un prêtre grec ; n’oublie pas que tu es dans le pays des dots microscopiques, et qu’une fille de trente mille francs est une héritière ; que l’éducation est encore plus rare que la fortune ; que l’économie est une vertu inconnue aux filles, et qu’une mère a fait son devoir lorsqu’elle a dressé ses enfants à la chasse au mari. Je te dirai un autre jour par quelles amorces on leur apprend à séduire l’homme, combien elles lui accordent de leur personne pour faire désirer le peu qu’elles réservent, par quelles complaisances elles se l’attachent, par quelles consolations elles lui