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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/193

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Ni les gouvernements qui ont doté la Grèce d’une monarchie absolue n’ont assez sérieusement considéré le caractère du peuple et l’état du pays, ni les révolutionnaires qui ont arraché au roi la constitution de 1844 n’ont tenu compte de l’ignorance et de la barbarie de la nation. Si l’on a jamais pu dire qu’un pays n’était pas mûr pour la liberté, c’est en parlant de la Grèce. Non que les esprits soient fermés aux idées politiques, tant s’en faut. Tous les Grecs, sans exception, sont aptes à discuter les affaires publiques, tous en parlent, sinon savamment, au moins sciemment ; tous prennent un intérêt passionné aux moindres débats des assemblées. Je dis plus : tous connaissent à fond les hommes d’État qui se querellent sur les intérêts publics, et, si le scrutin de liste peut être appliqué dans un pays, c’est en Grèce. Mais ils manquent des deux premières vertus du citoyen : la probité et la modération. Tous les électeurs, sans exception, sont à vendre, et, si le roi voulait faire élire une assemblée de sourds-muets, il l’obtiendrait en y mettant le prix. Ajoutez que les passions politiques ne reculent jamais devant l’assassinat, et vous comprendrez pourquoi un jour d’élection ressemble tantôt à un jour de marché, tantôt à un jour de bataille. J’ai entendu un député qui disait : « Mon élection nous a coûté quatorze hommes. » Il ne comptait pas dans ce nombre les hommes que son concurrent avait dépensés.

Le gouvernement dispose du budget pour les élections qui s’achètent, et de l’armée pour les élections qui s’enlèvent.

Les chambres assemblées, si on n’a pas une majo-