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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/255

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Une vieille femme distribua des cierges à tout le monde. Vingt ou trente gamins qui jouaient dans la rue s’empressèrent d’en venir prendre, et assistèrent à la cérémonie avec une gravité qui honorerait des sénateurs.

Les papas, avec leurs longs cheveux et leur barbe flottante, psalmodiaient les prières des morts. Je m’étais promis d’examiner si ces hommes, qui n’ont pas renoncé aux affections de famille, s’acquittaient de leur ministère avec plus d’émotion que ceux qui n’ont plus d’autre famille que Dieu. Il me sembla au contraire qu’ils remplissaient cette triste tâche en hommes qui sont pressés de finir et de retourner à leur ménage. Les oraisons étaient chantées en langue vulgaire, et cependant, soit que le chant rendît les paroles inintelligibles, soit que le peuple ait perdu l’habitude de chercher le sens de ses prières, les auditeurs ne semblaient écouter que leurs propres pensées.

Quand l’office des morts fut terminé, chacun des parents et des amis s’approcha de la morte et lui baisa les mains et la figure. On donne ainsi un caractère religieux et solennel à la dernière marque d’affection que reçoivent les morts. Il est difficile de voir sans une profonde émotion des fils venant devant l’autel donner un dernier baiser à leur mère.

Le convoi s’achemina lentement vers le cimetière. Sur sa route les hommes et les femmes s’arrêtaient, et se couvraient de signes de croix avec cette prodigalité machinale que j’ai déjà signalée. L’enterrement traversa l’Ilissus en s’éclaboussant un peu : le pont n’était pas encore bâti. Un tel passage exciterait