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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/347

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Ainsi fait-on encore aujourd’hui, quoique les maisons soient plus commodes et plus spacieuses qu’au siècle de Périclès.

Il est toujours difficile de traverser le carrefour central de la ville, à l’embranchement de la rue d’Éole et de la rue d’Hermès. C’est là que les citoyens, assis devant les cafés ou debout au milieu de la chaussée, agitent les questions de paix et de guerre et remanient, en fumant des cigarettes, la carte de l’Europe.

Tandis que les hommes d’État professent en plein air, les étudiants, ramassés en groupes devant l’université, devisent tumultueusement ; les papas, devant leurs églises, débattent quelque point d’orthodoxie ; les bourgeois font retentir de leurs discussions la boutique de l’épicier, du barbier ou du pharmacien. Ces trois sortes d’établissements sont des salons de conversation à l’usage du peuple. Le pharmacien réunit surtout les gens établis et l’élite de la bourgeoisie. Les causeurs ne s’entassent pas dans la boutique : ils se tiennent de préférence sur le seuil, un pied sur le trottoir, une oreille dans la rue, pour saisir les nouvelles qui circulent.

Le bazar est peut-être l’endroit le plus fréquenté de la ville. Le matin, tous les citoyens, quel que soit leur rang, vont eux-mêmes à la provision. Si vous voulez voir un sénateur portant deux rognons dans une main et une salade dans l’autre, allez au bazar à huit heures du matin. Jamais les servantes de Landernau ne sauront caqueter aussi dru que ces honorables en faisant leur marché. Ils se promènent de boutique en boutique, s’informant du cours des pom-