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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/388

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ni la population réduite, ni les murailles sans soldats, ni la ruine d’une petite puissance. Qu’un village parvenu au rang de ville retombe en village ; qu’un peuple perde le pouvoir d’opprimer ses voisins, j’aperçois là un texte de déclamations sur l’instabilité des choses humaines : je n’y vois point un malheur pour l’humanité.

Mais je faisais la réflexion que, parmi tant et tant de villes qui sont tombées du haut de leur puissance ou de leur gloire, il n’en est peut-être pas une qui n’ait racheté par des avantages solides la perte de quelques biens extérieurs, pas une où les hommes n’aient aujourd’hui plus de bien-être et plus de lumières qu’il y a deux mille ans. Les progrès des sciences, le développement de l’industrie, les bienfaits d’un nouveau monde, les quatre ou cinq grandes inventions qui rendent de jour en jour plus facile la vie du corps et celle de l’esprit, ont porté jusque dans les moindres hameaux de l’Europe des biens plus sûrs et plus réels que la domination d’une plaine ou l’empire de deux montagnes. Mais Phigalie a-t-elle obtenu du sort les mêmes compensations, et les bienfaits accumulés de vingt siècles lui ont-ils payé la monnaie de sa modeste grandeur ? J’ai peine à le croire, et, s’il était permis de douter de la loi du progrès, ce serait dans ces gorges inaccessibles où l’ignorance et la misère semblent établies pour toujours. Ce n’est pas pour ces pauvres gens qu’on a inventé l’imprimerie : ils ne sauront jamais lire. Ce n’est pas pour eux qu’on a découvert l’Amérique : la pomme de terre, qui nourrit nos plus misérables villages, est un trésor inconnu en Arcadie. Ils n’ont pas même