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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/395

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qui est à saint Nicolas ce que Typhon est à Osiris, ce qu’Arimane est à Oromaze. Je me souviens même du jour où le scepticisme est entré dans mon esprit, en reconnaissant, dans les verges de saint Fouettard, un instrument de supplice que j’avais déjà considéré de très près. Chez les grecs, la Saint-Nicolas n’est pas une fête d’hiver ; on la célèbre dans la saison des roses ; mais je ne crois pas que les enfants l’espèrent avec la même impatience que nous faisions jadis. Les cailloux des chemins sont leurs seuls joujoux, et les bonbons ne parviennent pas jusqu’aux villages. Saint Nicolas n’apporte rien, qu’un de ces jours de relâche qui sont plus communs dans la religion grecque que dans la nôtre, et quelques heures de plaisir, dont nous espérions bien avoir le spectacle. Déjà, en nous haussant sur nos étriers, nous apercevions, au sommet du village, sur une place carrée, auprès de l’église, la population entière très animée à la danse : et les sons aigus des flageolets arrivaient assez près de nos oreilles pour les égratigner.

Mais, avant de songer au plaisir, il nous fallut trouver un gîte. Pas de khani, pas de boutique, et nos Agoyates ne connaissaient personne. Le pays était-il hospitalier ? Les maisons étaient-elles habitables ? Lettre close. Aucun voyageur n’a rien écrit sur Kerésova, personne ne s’est vanté d’y avoir passé, et l’on y parlerait chinois, que l’Europe n’en saurait rien. On tint conseil : la délibération ne fut pas longue. Kerésova est un village grec, donc il y a un parèdre, c’est-à-dire un fonctionnaire municipal. Le parèdre, homme public, doit être hospitalier ; de