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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/402

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avoir perdu la tête, on ne remarquait ni violences, ni querelles, ni rien qui s’écartât de la plus stricte convenance. Quoique le français ne soit point brutal par nature, nos fêtes champêtres ne sont pas sans quelques vivacités, voire sans quelques coups de poing échangés fraternellement au plus fort du plaisir, et notre gaieté est tellement sujette à caution, qu’il est prudent de la faire surveiller par un gendarme. Rien, au contraire, n’est plus doux, plus honnête et plus bienveillant que la gaieté des paysans grecs. Le mérite en revient à leur bon naturel, mais surtout à leur sobriété. Nous ne voyions autour de la danse aucun de ces colporteurs de liqueurs frelatées qui empoisonnent toutes nos fêtes publiques. Lorsqu’un danseur avait soif, il allait boire à la fontaine ; et, le soleil couché, chacun s’en retourna souper chez soi avec sa femme et ses enfants.

Nous fûmes reconduits par le parèdre, et chemin faisant il me donna sur le village tous les renseignements que je voulus. J’avais remarqué que les maisons, sans être riches, avaient un air d’aisance ; que les habitants, sans être beaux, avaient un air de santé ; que tout en eux et autour d’eux respirait la joie et le contentement. Il commenta en peu de mots ce que j’avais vu moi-même. Le village compte plus de mille habitants. Tous ont une maison, quelques brebis et un morceau de terre qu’ils ne cherchent pas à vendre. Tous les champs sont fertiles et bien cultivés ; toutes les familles ont du pain et tous les enfants vont à l’école.

Le parèdre refusa poliment notre dîner : il se devait à ses hôtes. Mais nous eûmes sa visite dans la