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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/58

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plus heureux, et cent fois mieux administrés que les sujets du roi Othon, se sont révoltés à la suite des événements de 1848 ; ils voulaient être ruinés par les impôts, pillés par les percepteurs, incendiés par les brigands, maltraités par les soldats, et jouir de tous les avantages qu’un gouvernement déplorable procurait depuis vingt ans à la Grèce.

Le patriotisme des Grecs va-t-il jusqu’à affronter les balles ? C’est une question que j’ai souvent débattue avec les philhellènes. L’Europe a cru dans un temps que tous les Grecs étaient des héros : j’ai entendu quelques vieux soldats assurer qu’ils étaient tous des poltrons. Je crois être plus près de la vérité en disant qu’ils ont un courage prudent et réfléchi. Pendant la guerre de l’indépendance, ils ont surtout combattu en tirailleurs, derrière les buissons. On n’aura pas de peine à me croire, lorsqu’on saura qu’ils appuient volontiers leur fusil sur un arbre ou sur une pierre, pour assurer le coup. Les chasseurs ne tuent guère de gibier au vol, ils tirent les perdrix au posé et les lièvres au gîte. C’est ainsi qu’ils ont fait autrefois la chasse à l’homme. Sans doute il s’est rencontré parmi eux des soldats assez hardis pour se risquer en plaine ; mais ce n’est pas le plus grand nombre. Canaris, qui allait incendier une flotte à bout portant, était un sujet de stupéfaction pour la nation entière. Il ne faut pas croire que tous les Grecs soient semblables à Canaris, et c’est toujours un mauvais système que de juger un peuple sur échantillon. Ce n’est pas la flotte grecque qui a attaqué Xerxès à Salamine : c’est un homme, c’est Thémistocle. Les Grecs ne voulaient pas se battre, et