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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/62

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sans le salir. Celui-ci a trahi, celui-là a volé, tel autre a conseillé ou commandé des assassinats ; les plus purs ont eu des mœurs infâmes. Il n’y a pas un Grec qui soit estimé en Grèce.

Le patriotisme grec se manifeste de deux façons entièrement opposées, au dehors et au dedans du pays. Les Grecs du dehors adorent la patrie commune ; ils se dépouillent pour elle, ils ne songent qu’aux moyens de la rendre plus riche et plus grande. Les Grecs du dedans ne s’occupent qu’à fermer le pays aux Grecs du dehors. Les uns ont le patriotisme prodigue, les autres le patriotisme conservateur. C’est le patriotisme prodigue qui a créé tous les grands établissements de la Grèce ; c’est le patriotisme conservateur qui a fait la loi du 3 février 1844 sur les autochthones et les hétérochthones.

Cette loi, la plus injuste et la plus inepte qui ait jamais été votée chez un peuple civilisé, donne le monopole exclusif des emplois publics aux habitants de la Morée et de l’Attique ; elle ferme la Grèce à tous les Grecs qui ne sont pas nés dans le petit royaume d’Othon ; elle exclut du gouvernement la partie la plus intelligente, la plus riche et la plus dévouée de la nation.

Les autochthones sont les Grecs nés dans le royaume ; les hétérochthones sont les Grecs nés sur un territoire soumis à la Turquie.

Un insulaire de Chio ou de Candie, un Grec de Smyrne, de Corfou ou de Jannina, qui a combattu pour l’indépendance, mais qui ne s’est établi dans le royaume ou qui n’y a fait venir sa famille qu’en 1838, est incapable de remplir les fonctions de garde cham-