Aller au contenu

Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’était cette pension que Janthe servait fidèlement à son mari. Elle lui conseilla de divorcer par économie. Mais, comme les tribunaux pouvaient refuser le divorce, Janthe plaida la nullité. On sait qu’en Grèce le mariage est un acte purement religieux. Or, les prêtres grecs ne sont point incorruptibles ; il ne faut qu’un peu d’argent pour leur faire avouer qu’ils ont omis telle formalité de la plus haute importance, et que deux personnes qui ont eu huit enfants ensemble sont étrangères l’une à l’autre. Comme Janthe n’avait eu qu’un enfant du comte T…, elle fut démariée en un clin d’œil, ou plutôt on reconnut à la majorité des voix qu’elle n’avait jamais été mariée.

Toute la ville se disait : « Elle va épouser Hadji-Petros. » En effet, elle avait donné congé au propriétaire de cette masure, où elle avait l’air d’un portrait de Lawrence pendu dans une cuisine ; elle s’était fait bâtir une grande et belle maison, dont la chambre à coucher ressemblait à une salle du trône ; le général avait un appartement magnifique, la garnison un corps de garde très-confortable : elle venait de faire prix avec un capitaine, un vrai capitaine en retraite, qui devait lui servir de portier.

Au moment de déménager, elle s’avisa que son écurie neuve était digne de loger un beau cheval arabe, et elle courut en Syrie pour en choisir un. Elle partit sans Hadji-Petros, qui se faisait vieux, qui la battait quelquefois et qui aurait pu la tuer un beau matin, non par amour, mais par intérêt. Son départ fut si précipité que ses amis eurent à peine le temps de lui dire adieu. Pendant toute une année, j’ai de-