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ACTE I, SCÈNE X.

ANTONIN, avec douleur.

Vraiment ! Qui cela ?

RISETTE.

Un brave garçon qui demeurait à côté de chez mon père, et qui était déjà un homme quand je n’étais encore qu’une petite fille. C’est lui qui me défendait…

ANTONIN.

Et contre qui ?…

RISETTE.

Mon père s’était remarié… et j’étais battue plus souvent qu’à mon tour ; quand je m’attendais à une scène, j’allais trouver mon pauvre Valentin. Il venait avec moi : ma belle-mère n’osait pas frapper si fort quand il était là. Il pleurait quand j’avais les yeux rouges… il me consolait, et nous finissions par rire ensemble. Ah ! nous avons fait de bonnes parties de rire ! C’est lui qui m’a appris le peu que je sais… Il travaillait la nuit en cachette, le brave garçon, pour acquitter mes mois d’apprentissage !… C’était lui qui était mon père, ma mère, et toute ma famille !

ANTONIN.

Et vous l’aimiez ?…

RISETTE.

Oh ! oui, je l’aimais bien !

ANTONIN.

D’amour ?

RISETTE.

D’amour… je n’en sais rien ; mais d’une vraie, profonde et éternelle amitié… Il me fit jurer que je ne me marierais jamais avec un autre qu’avec lui.

ANTONIN.

Ah ! mon Dieu !

ÉVELINA, le verre à la main.

Je vous demande un peu ce que ça nous fait ?… On ne conte pas ces choses-là après dîner, ça trouble la digestion.

ANTONIN.

Et vous tiendrez ce serment ?…