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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/178

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Conte, sieur de Lisle et de Préval, mort à Pontorson le 15 octobre 1730 [1]. Son père, chirurgien militaire, quitta le service après Waterloo et émigra à l’île Bourbon ; il s’y maria en 1817 avec Mlle Suzanne de Lanux, d’une ancienne famille languedocienne établie aux colonies vers 1720 en la personne du marquis François de Lanux. Le Régent avait exilé Lanux à la suite de la conspiration de Cellamare. C’est du côté maternel que Leconte de Lisle était arrière-petit-neveu de Parny.

Leconte de Lisle vécut ses premières années dans cette féerique île Bourbon où une brise continue et la multitude des sources tempèrent l’ardeur de la zone torride. Ses yeux s’ouvrirent dans la lumière intense et au milieu de la flore souriante et magnifique des pays tropicaux. Il vit des bois de palmistes et de lataniers, les allées de pamplemousses, les magnolias géants, les fleurs éclatantes, les nappes d’or vert des champs de cannes, les ravines ombreuses où volettent de bambous en bambous le cardinal et le colibri, les hautes montagnes que la neige couronne, et, à tous les points de l’horizon, au delà des récifs de corail, les flots couleur d’améthyste de l’Océan Indien. Il eut la fortune de naître comme un Grec, en pleine nature, au bord de la mer étincelante.

Son enfance fut studieuse. S’il faisait parfois l’école buissonnière, c’était pour aller lire à la Bibliothèque de la

  1. La branche aînée prit le nom de Le Conte de Lisle, la branche cadette celui de Le Conte de Préval. L’auteur des Poèmes Barbares a simplifié son nom en l’écrivant : Leconte de Lisle.