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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/780

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DISCOURS DE RÉCEPTION

contre l’Autriche, ultramontaine et absolutiste, symbole de l’oppression internationale. En 1848, le principe des nationalités était devenu la diplomatie officielle de la France dans le Manifeste de Lamartine aux puissances étrangères et par un vote unanime de l’Assemblée Constituante ; et enfin Napoléon III avait apporté au trône le rêve de sa jeunesse et la pensée de son oncle, qu’il avait exposés dès 1839 dans ce livre sur les Idées napoléoniennes, où l’on trouve à la fois le commentaire de Sainte-Hélène et tout le programme de son règne futur. La guerre de Crimée, en divisant les Cours du Nord, avait été comme le prologue de l’œuvre qu’il se proposait d’accomplir ; la guerre d’Italie en serait le premier acte.

C’est à ce moment que, du parti libéral, s’élèvent des voix nouvelles. Les trois jeunes écrivains, au milieu du silence universel, osent dire à l’empereur :

« Prenez garde ! cette force que vous déchaînez, êtes-vous bien sûr d’en rester le maître ? Pourrez-vous l’arrêter au gré de votre désir et de votre intérêt ? Vous ne voulez pas, dites-vous, d’un grand royaume unitaire au pied des Alpes ; vous voulez seulement une confédération sous la présidence du Pape. Mais qui vous dit que ces peuples, une fois mis en goût, se contenteront d’une demi-délivrance ? Qui vous dit qu’après avoir lutté pour l’affranchissement, ils ne lutteront pas pour autre chose, pour l’unité ? Comment concilierez-vous leur droit de disposer d’eux-mêmes avec le maintien, par vos armes, de la souveraineté pontificale ? Et savez-vous si d’autres peuples, non pas opprimés ceux-là, ni asservis à des dynasties étrangères, mais seulement morcelés et relativement faibles, ne